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CHAPITRE 3 : Les Bénards | ![]() |
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Bénard vient de Bernard, et serait d'origine allemande, de Bern-hard, bern cas régime de ber-, ours et hard-, dur, fort. Littéralement : " ours fort ". L'ours est un des symboles de l'URSS. La
famille Bénard actuelle vient de la fusion de deux familles du même patronyme,
probablement cousines, vivant à Sarcelles : François-Louis Bénard, d'un
côté, né en 1750. Il épouse Marie-Marguerite Petibon et lui fait un fils :
Pierre-Victor qu'on baptise le 24 Août 1773. Ce fils devient vigneron, épouse Geneviève Lacroix et lui fait trois
enfants : Charles-Antoine, en 1788 , Cécile-Louise le 7 avril 1806, Charles-Victor
en 1811. C'est elle, Anne-Marie Gobert qui, épousant Victor-François Bénard le 13 février 1844, va faire fusionner les deux branches. En effet, Victor-François, né le 9 septembre 1822 est le fils de Etienne-Marie Bénard et Reine-Virginie Tilliet, respectivement Vigneron et dentellière à Sarcelles. Etienne-Marie étant fils de Etienne Bénard et Marie-Anne Deprez, tous deux de Sarcelles également.
Le père de Victor-François, Etienne- Marie, est âgé de 77 ans (il a été baptisé le 9 décembre 1782, à Sarcelles) Il est trop vieux pour s'occuper de son petit-fils.Celui-ci sera élevé par ses grands-parents maternels. Il ne sera donc pas menuisier. LA
SITUATION SOUS NAPOLÉON III
Louis-Emile
travaille comme journalier, avec ses grands-parents maternels. L'embauche (la louée)
se fait au coup par coup, sur la place située face à l'entrée du boulevard,
qui sera plus tard celui de la gare, et est signalée aux rouliers par
5 grands paniers d'osier accrochés en forme d'enseigne. La plupart des
maraîchers sont regroupés dans le quartier des Grands Chaussy, c'est à
dire rue du Chaussy, rue des Noyers, rue Parmentier, rue Montfleury.
De retour au 11 rue des Bauves, Louis-Emile peut déposer son butin sur la
table : les quelques pièces qu'il a chèrement conquises.
Mais de quelle République s'agit-il ? Et que se passe-t-il réellement ? Il aurait fallu organiser des élections, mais à présent, l'avancée sur Paris de l'armée prussienne victorieuse est trop préoccupante. On remet à plus tard les élections, et par conséquent le gouvernement provisoire mis en place ce 4 septembre 1870 perd sa légitimité, puisqu'il n'est pas amené au pouvoir par un processus régulier. La menace prussienne est réelle : Strasbourg et Metz sont assiégées et l'armée allemande marche sur Paris. Bismarck croit la victoire acquise. Il le manifeste avec mépris. Le nouveau gouvernement, dit " de la défense Nationale", s'oppose à toute amputation du territoire (l'Allemagne réclame l'Alsace et la Lorraine), et par cela opte pour une guerre à outrance. Les dernières négociations, à Ferrières, échouent. Déjà on doit prendre des mesures pour résister au siège de Paris. Personne ne l'avait prévu. Il s'agit d'organiser en même temps la défense de la ville et son approvisionnement. Pris de panique, tous les villages de la périphérie se vident (20 000 personnes, environ). Les premiers Ulhans arrivent le 12 septembre à Domon. On compte 600 hommes et 600 chevaux. Le 17 septembre, le célèbre peintre Thomas Couture, qui réside alors à Villiers-le-Bel, dit dans une de ses lettres qu'il voit arriver trois cavaliers sur les hauteurs d'Ecouen. Le pillage de sa maison et de son atelier surviennent. Le peintre trouve refuge chez les religieuses d'Ecouen. Sarcelles
que les habitants ont désertée est aussitôt occupée par les Prussiens
: les troupes logent dans les fermes, sur ordre de réquisition, et dans
l'école des filles comme l'asile de la rue des Piliers où le mobilier
est brûlé comme bois de chauffage. Dès le 10 septembre, les villageois,
dont la famille Bénard, ont fui en hâte vers Paris où l'on peut se croire
à l'abri à l'intérieur des 30 kilomètres de remparts qui ceinturent la
capitale. Presque tout le village est sur la route : Louis-Emile a entassé
leurs maigres biens dans la charrette à bras : le matelas de laine hérité
du vieux Bénard, trois jambons, du pain, des pâtés de Pluviers (petits
oiseaux délicieux), et quelques économies bien dissimulées. Ce n'est pas
grand chose, mais c'est leur trésor. La petite Adèle, qui ne comprend
rien à ce qui se passe sent pourtant que rien ne va plus, mais elle retient
ses larmes, tandis que Julie serre Charles-Auguste contre son sein. Ils
savent où ils vont. Leur correspondant des Halles peut les accueillir,
avec les Gillet (dont les deux fils ont été tués par l'épidémie de choléra
de 1832, à Sarcelles). Mais les Prussiens suivent : le 16 septembre, l'armée
allemande est en vue, le 19, l'encerclement de Paris est achevé. Le long siège commence pour les Parisiens et leurs hôtes. Le gouvernement provisoire n'a pas compris qu'il faut se transporter en province. Gambetta est le seul à y penser. Le 7 octobre, du haut de la colline de Montmartre, sur la place Saint Pierre, et devant une foule nombreuse, il part en ballon en direction de Tours. Pendant que Gambetta galvanise le moral des français et leur fait retrouver la confiance, Thiers se lance dans un voyage qui l'emmène à Londres, à St Petersbourg, à Vienne et Florence pour tenter de convaincre les souverains d'une médiation envers la France. Mais comme ils sont tous plus ou moins cousins de l'Empereur déchu, et, en tous cas, monarchistes, l'émissaire revient bredouille. Il se tourne alors vers Bismarck, qu'il rencontre à Versailles du 2 au 4 novembre. Mais rien n'y fait. Là dessus, Bazaine se trompe d'ambition et signe la capitulation de Metz, livrant ainsi à l'ennemi 170 000 hommes, 6 000 officiers et tout le matériel de guerre. Le 27 octobre, le drapeau allemand flotte sur Metz et le prince Frédéric-Charles de Prusse est libre d'envahir la France. Le gouvernement resté à Paris a fort à faire. Il doit faire face au siège, bien entendu, mais aussi à l'opposition des partisans de Blanqui, des socialistes et des radicaux, tous écartés du gouvernement pendant la journée du 4 septembre. Il y a aussi la section parisienne de l'internationale et tous les ouvriers des faubourgs que le règne de Napoléon III a rendus exsangues, et qui, pour beaucoup, sont devenu anarchistes. En effet, l'inégalité est criante, surtout après les réformes d'Haussman, qui, pour avoir modernisé Paris, n'en a pas moins obligé la moitié de la population à se réfugier à la périphérie, les loyers étant devenus inabordables. Quelques fiefs demeurent, tel Montmartre ou Belleville ou encore les quartiers St Antoine, mais la misère y est grande. Les Parisiens ne comprennent pas qu'on ne tente pas une sortie pour forcer le siège. Après deux tentatives, une vers le Bourget, l'autre jusqu'au plateau de Champigny, qui échouent, il faut se rendre à l'évidence : la capitale est un piège sans issue. L'hiver 1870-1871 est un des plus rigoureux qu'on ait connu. Les Parisiens et tous les réfugiés des banlieues sont privés de bois et de charbon. On grelotte sous un épais manteau de neige et de glace. Il n'y a plus de gaz et dès cinq heures, quand la nuit tombe, l'obscurité s'abat, profonde, sur la ville. La famine commence à se faire sentir. Aucun approvisionnement ne peut parvenir. Des queues interminables se forment devant les magasins d'alimentation. Le blé manque. Les boulangers vendent un pain noir visqueux, de composition inconnue. Il n'y a plus de viande. On se résigne à manger du cheval, puis du chien, du chat, enfin du rat. Les animaux du jardin des plantes sont sacrifiés : certains restaurants proposent du rôti de trompe d'éléphant ou du civet d'ours. Le 5 janvier, les canons prussiens ouvrent le feu sur Paris, touchant la rive gauche. Le 19 janvier, le général Trochu tente une sortie vers Buzenval avec 100 000 hommes. Echec retentissant. La capitulation parait être la seule solution. Le 18 janvier, dans la galerie des glaces de Versailles, Guillaume 1er est proclamé Empereur d'Allemagne, réalisant ainsi l'unité de l'Allemagne du nord et du sud. Le 23, Ju&les Favre entame les négociations avec Bismarck. Celui-ci accorde un Armistice de trois semaines afin qu'on procède à l'élection d'une assemblée nationale. Elle a lieu le 8 février et se prononce pour la paix, c'est à dire la capitulation. Cette capitulation s'accompagne de sanctions : la cession de l'Alsace et du nord de la Lorraine, le versement en trois ans d'une indemnité de 5 milliards de francs et le retrait des troupes françaises au sud de la Loire. Le 2 mars, les Allemands entrent dans Paris, se contentent de défiler sur les Champs Elysées, puis repartent. La guerre est terminée. La commune commence. |
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