|

Eugène et Léontine devant la maison de Villiers-le Bel : le luxe.
En 1900, Eugène est âgé de 33 ans, son épouse Léontine de 30, Maurice a
9 ans, Marcel 7, Edmond 6, et Georges 1. La famille Picard habite au
dessus du café au 311 avenue du président Wilson, dans un appartement
semblable à celui que les Pellegrini occupent à leur arrivée en France.
Les deux familles ne se connaissent pas encore, mais les Picards sont
tellement communicatifs que cela ne peut tarder. Tous les samedis soirs,
c'est le branle-bas de combat : moules-frites, bière et chansons. Eugène
possède une voix superbe et entonne, de son bar, tous les tubes à la
mode. Cela va de "boire un petit coup c'est agréable" à "L'âme des violons"
en passant par "les ponts de Paris", que chacun reprend.
Pendant ce temps, Léontine s'active aux fourneaux, aidée de Maurice qui, du haut
de ses dix ans, apprend déjà le métier. Edmond, lui, n'a que six ans,
mais virevolte entre les tables, les plats de moules à la main, et roules
des yeux de canaille pour un pourboire. Le môme est très apprécié. Et
la famille est heureuse.
L'hiver
1910 amène son événement majeur. Dès le début janvier la Seine est en
crue. A Saint Denis, c'est la catastrophe. La Seine vient rouler son tumulte
par le quai de Saint-Ouen, suit le canal jusque devant le café. Eugène
s'y illustre en organisant le passage surélevé, fait de planches et
de tréteaux, un peu plus haut vers le pont de Soissons. Là, en suivant
la rue du Landy, il aurait pu rencontrer un autre cafetier-restaurateur,
aux prises avec le même problème. Mais ce n'est pas le moment, semble-t-il.
Il faudra attendre deux générations pour que les Picard et les Bénard
fusionnent.

Les inondations de 1910. Cliquez sur l'image
Maurice
disparaît pendant la guerre de 14-18 à Douaumont. Il a vingt-trois ans.
On ne retrouve que la moitié de sa gourmette. Léontine, sa mère, va
attendre son retour le reste de sa vie, en vain. Léontine Claysse, la
femme d'Eugène Picard est issue d'une famille de forains qui couvre
le Nord de la France et la Belgique. René Casteur, Georgina, Christiane,
Camille et Josette en sont issus. La lignée existe toujours, à Couillet
et Bruxelles. Simone Claysse est une fille d'un frère de Léontine. Mariée
à Robert Coudray, elle vend des chaussures dans un magasin qu'elle possède,
au coin du boulevard des Batignolles et de la rue Lévis, dans le 17eme
arrondissement, à Paris. Son père est un des Jumeaux, frères de Léontine,
dont un est mort. On n'a jamais su lequel est resté en vie.
En 1919, Eugène achète une maison rue Faydherbe, à Villiers-le-Bel. Il
s'agit d'un corps de ferme rectangulaire sur deux étages. On descend
trois marches pour atteindre la salle commune, attenante a un immense
cellier qui sert de cuisine. Il n'y a, bien entendu, pas d'électricité.
Il n'y en a guère que dans les immeubles Haussmanien du centre de Paris
qu'on peut espérer en trouver, et pas toujours. On s'éclaire à la lampe
à pétrole et comme le gaz de ville ne vient pas jusqu'à la campagne,
il faut avoir un feu qui couve été comme hiver. Au-dessus, on trouve
une cuisine, une salle à manger et une chambre par étage. Le jardin
fait un hectare. On y trouve un bassin avec des poissons, une pompe
à eau, et un potager avec des serres. Lorsque Eugène part en retraite,
en 1932. Il vend le café-restaurant de Saint-Denis, à un certain Monsieur
Lemezeau. Edmond Picard achète un café-hôtel-restaurant de quatre étages
rue de Paris, face à la mairie de Villiers-le-Bel. Son épouse Laure
s'en occupe tandis qu'il fait volontiers le Taxi.

Un aperçu du jardin derrière Georges Picard, Robert
et
Marguerite Bénard et leur fils cadet, Robert, en 1939.
Edmond
est un très brave homme. Il tient beaucoup de sa mère. Il s'entend très
bien avec les enfants et a, comme on fit, le cour sur la main. Edmond
et Laure ont trois enfants : deux filles, Marcelle et Renée, et un fils,
Maurice. Ce dernier meurt, en 1952, dans un accident de voiture à l'âge
de vingt ans, sur la route d'Ecouen.
Edmond fait une transaction malheureuse en prêtant de l'argent à
un certain Passot qui doit l'investir dans un immeuble. Le Monsieur
fait faillite, l'argent est perdu. L'hôtel est mis en vente par
adjudication. Avec le produit de la vente, en 1939, il achète la maison
de l'espérance, après que Baptiste, le marchand de mouton de l'histoire de Ada, en soit parti. Mais il tombe malade
: il est atteint d'un cancer des os de la main, consécutivement à un
coup de manivelle qu'il a reçu quelques années plus tôt, pense-t-on. Le cancer gagne.
Peu après, on doit l'amputer d'un bras. Il survit tant bien que mal
pendant la guerre et meurt en 1945, à l'âge de 51 ans.
Sa
fille, Renée, née en octobre 1919, seconde son père avec efficacité.
Institutrice à l'école des Charmettes, elle est mariée, depuis 1938,
à Jacques Collange et va vivre dans la maison de l'Espérance avec sa
sour, Marcelle, mariée à Robert Tournemine, leur mère, Laure, et leur
frère Maurice. Renée Collange est mère de Jean-Claude Collange, biologiste.
Marcelle Tournemine a quatre enfants : Josette, Monique, Michelle, Laurent
et Chantal. Cette dernière est mariée puis divorcée de Jean-Pierre Humbert,
dont la mère, Bibiche, est une amie de longue date de la famille. Ils
ont deux garçons, Michael et Anthony. Jean-Pierre rencontre ensuite
Annie Bénard, divorcée de Christian Letoquart, avec qui elle a une fille,
Olivia. Ils vivent ensemble et les cousins deviennent frères et soeurs.

Une famille qui recompose les liens Picard/Bénard : Jean-Pierre, ses deux fils Antony et Michael pour les Picard
derrière : Annie et sa fille, Olivia pour les Bénard..
Le père de Jean-Pierre, pionnier publiciste ( il crée l'affichage tel qu'on le connait aujourd'hui), est un homme extraordinairement drôle et sociable. Bibiche, son épouse, grosse nature s'il en est ( elle fait penser à jacqueline Maillan) etant la meilleure amie du Grand Robert, on voit toutes les qualités se mèler. Cette famille de quasi clowns rencontrant son équivalent comédien en herbe va donner une succession non moins brillante.

Toute la bande : Rober, Lucien, Bibiche, Marcelle et une copine
Le Grand Robert contamine toute la famille qui va devenir "Flic", comme lui, jusqu'à la dernière génération actuelle : inspecteurs, Commissaires, magistrats. Que du théâtre !!!
|
 |