ESSAI DE TECHNIQUE IDÉALE
POUR LE PORTRAIT

LES COULEURS (suite)
Pascaline Bernard "Ma boite"
Pascaline Bernard : "Ma boite", huile sur palette de bois

Il est très difficile d'évaluer une couleur quand on n'a pas l'habitude. Encore moins d'en deviner la composition, savoir quel tube sortir pour le mélanger avec quoi. Il est donc préférable, en tous cas dans un premier temps, de limiter sa palette à l'essentiel et aux valeurs sûres.
La plupart des couleurs du commerce sont une sorte de luxe. Nous n'avons fondamentalement besoin que de trois couleurs : Rose quinachridone (autrefois appelé "Rose Rembrandt", c'était simple, mais probablement pas "dans le vent" du scientifisme de cuisine), Bleu phtalocyanine (Même remarque), et jaune de cadmium citron. Comme ces couleurs sont entièrement chimiques, elles ne sont pas couvrantes, il faut donc leur adjoindre du blanc. On peut, si on veut apporter un peu de noir : Terre de Cassel, par exemple.
(Voir le chapitre : exercice dans le cours général)

Nous avons en cette époque deux ennemis de taille : l'urgence et le changement. Une telle peur de l'ennui nous habite, une telle épouvante du vide qu'il nous faut sans cesse du clinquant, l'impression de ne pas perdre de temps, et des modifications perpétuelles de notre champs visuel. Faut que ça saute et faut que ça bouge. Il faut créer des différences. Il faut que ça se voit.
Tout cela est au détriment de la nuance.
Il faut se calmer, bien respirer et se préparer à l'éternité du moment présent. En tout, il faut ce qu'il faut. Ni plus, ni moins.

Leon Bonat
Léon ne dira pas le contraire

Si on s'attaque au portrait, qui est tout de même une des discipline les plus compliquée, où il faut le plus de maîtrise et le plus de talent, c'est qu'on a subi tous les exercices précédents : on sait comment obtenir sa couleur, on connaît les subtilités. On peut donc passer à un minimum de tubes de couleur préparée : l'ocre de chair, terre de Cassel, terre d'ombre naturelle et brûlée, terre de Sienne naturelle et brûlée, violet de mars, Violet caput mortum, terre d'ombre naturelle, Jaune nickel titane, indigo, ocre jaune rouge de cadmium moyen, jaune de cadmium foncé et un peu de blanc d'argent. C'est déjà beaucoup.

Je conseille à chacun de se constituer un nuancier tel que présenté dans la page précédente, afin de bien situer les teintes, et, éventuellement d'effectuer des mélanges. Si nécessaire, noter au crayon la composition du mélange.

nuancier

Et si vous voulez vous évanouir, regardez l'oeuvre de John Singer Sargent et celle de Joaquim Sorolla.

Sargent
 

Une fois revenu à soi, on regarde avec attention le jeu sublime des couleurs chaudes et froides, la subtilité des éclairages, l'aisance avec laquelle ils passent du "léché" à l'impulsion, le flouté pour certains endroits, comme le contour du visage pour contraster avec la netteté du regard, le sang qui circule jusque dans la pointe des doigts.

SargentCarolusClaude Monet

Merveille de cuisine digne de trente étoiles du Michelin de la peinture et loin de tous les Macdos actuels, qu'on voudrait nous faire passer pour de l'art.
Ma réflexion sur ce point est qu'il y a vraiment beaucoup de génies modérément connus et beaucoup de charlatans en première ligne.
Voici quelques exemples de la peinture de Sorolla.

SorollaSorolla




Je ne dis pas tout cela par passéisme. Il y a, aujourd'hui encore de vrais amoureux du travail bien fait, quelque soit leur style ou leur appartenance. (Odd Nerdrum, par exemple)
Il faut croire que, moins spectaculaires, ils n'intéressent pas les médias.

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