ESSAI DE TECHNIQUE IDÉALE
POUR LE PORTRAIT

LES MÉDIUMS

L'aventure du "Gras sur maigre"

Les vernis

Les pigments se présentent en poudre. Ils ont besoin d'un liant. On en imbibe les couleurs pour affiner le broyage, puis on les met en tube.
Cette pâte aura besoin d'un "véhicule" et d'un fixateur. C'est ce qu'on nomme : le médium, d'une manière générale.
Il y en a de toutes sortes selon l'usage qu'on veut en faire et le résultat qu'on veut obtenir. Mais ils sont forcément de deux familles : les huiles siccatives ou les résines.
Pour rendre une huile siccative on la cuit (les anciens la cuisaient au soleil) dans la litharge (oxyde de plomb), ce qui permet une polymériisation plus rapide. La térébenthine est , à l'état naturel, la résine qui s'écoule du Mélèze, un pin maritime, et qui par distillation va donner l'essence de térébenthine. On peut parfaitement peindre avec cette résine, mais elle ne sèche pas aussi vite et par conséquent on se tourne plus volontiers vers le mastic en larmes, ce qui explique que parfois on parle de médium à peindre ou de vernis à peindre.

On a reconnu depuis longtemps qu'à travailler trop vite à l'huile, on obtient une vraie patinoire, sorte de magma boueux dans lequel il devient vite impossible d'avancer. Outre que la chose prend un temps infini à sécher, ( en fait si l'essence s'évapore, la peinture ne "sèche" pas : elle polymérise et change de nature atomique), on n'obtient finalement que des embus - surfaces mates - des ridules et, plus tard, des craquelures.
Il faut donc une graduation dans l'apport d'huile, c'est le principe du "gras sur maigre".

Les peintures du commerce sont beaucoup trop chargée en huile. Une huile qui, pour les besoins de la cause commerciale, est la moins siccative possible. Autrement, elle "sécherait" dans les tubes et donc dans les entrepôts. De ce fait, il est préférable de diluer la peinture qui sort du tube avec de l'essence de térébenthine afin de l'amaigrir. Mais on verra à l'usage que le pigment manque de solidité, surtout sur une surface poreuse, ce qui est notre cas, puisqu'il est préparé à la poudre de marbre. Et parfois de plâtre amorphe, comme cela se pratiquait au 17e siècle.

Il existe une infinité de méthodes. Probablement une par peintre. En effet, tout dépend du résultat qu'on cherche. Le vernis à peindre "Turner" de chez Sennelier, contient de la gomme Dammar et donne un grand brillant aux couleurs, le médium "Maroger" permet de très appréciables empâtements, le médium vénitien contient de la cire et donne un aspect satiné mat.

Ici, nous visons un résultat classique, selon deux principes bien déterminés : Le premier s'inspire d'une ébauche à tempéra dans laquelle le vinyle remplace l'oeuf ; le second se sert d'un fond blanc pour établir la lumière et jouer sur les transparences. Dans les deux cas, nous travaillerons "Gras sur maigre", c'est à dire avec un médium léger tout d'abord de plus en plus gras ensuite, ce qui suppose qu'on commence quasiment à sec, c'est à dire à l'essence, qu'elle soit de térébenthine, d'aspic ou de pétrole, tout en considérant que cette couche sera fatalement fragile.

médiums à peindre

Puisque l'usage montre que cette première couche à l'essence, demeure fragile. On va compenser en fabriquant un premier véhicule stable composé de médium flamand en gel et d'essence de térébenthine.

Le médium-gel flamand(Lefranc-Bourgeois) , est une émulsion à base de résine mastic et d'huiles cuites.
Nettement jaunâtre lorsqu'il sort du tube, il est réellement magnifique. Très solide, on peut l'utiliser dans les empâtements au couteau, dans la réduction des embus et pour la reprise et la retouche (réactivation des surfaces sèches). C'est un produit vraiment remarquable.Il existe en tube dans une version sans plomb, préférable a celle en pot, qui contient de la Litharge (Oxyde de plomb). Assez siccatif, il facilite la prise et raccourcit le temps de séchage.

médium flamand

1) Pour 1 litre d'essence de térébenthine on prendra trois noix de médium-gel, qu'on fera fondre à l'essence d'aspic (un flacon), peu à peu, pour le plastifier. L'aspic est une lavande mâle dont l'essence s'évapore moins vite que la térébenthine et donne une consistance plus plastique.

diluer le médium flamand

On malaxe le médium flamand avec l'essence d'aspic jusqu'à une consistance molle. Puis on le place dans un pot avec le couteau.

Dans le pot

dilution

On réserve environ 10% de la mixture qu'on dilue doucement dans l'essence de térébenthine puis on verse le contenu du pot dans une bouteille. Cette bouteille peut s'acheter aisément dans les pharmacies. Ce sera le médium n°1, qui peut servir si on décidait de commencer directement à l'huile, sans passer par le vinyle.

en bouteille

Le reste de ce premier médium, composé uniquement médium flamand, de térébenthine et d'aspic, est notre base qui servira pour la composition des trois autres. Après avoir versé la même quantité de cette base dans les trois bouteilles, on ajoutera 25 % d'huile de lin et le reste en térébenthine dans la seconde bouteille. On nommera les mélanges :

Médium 1). Médium flamand dilué dans l'aspic et la térébenthine : Il servira pour une ébauche directe à l'huile, sans passer par le vinyle.

Médium 2) Même mélange de base, auquel on ajoute 25% d'huile de lin clarifiée + térébenthine. Pour la première couche de peinture, directement sur le vinyle, ou seconde couche si on peint directement sur la toile.

Médium 3) Même base + 50% d'huile, le reste en térébenthine. Pour la reprise .

Médium 4) Même base + 95% d'huile, pour les finitions et les glacis. Pas de térébenthine.

les trois médiums

Les grandes bouteilles de 500 ml sont pratiques pour calculer la quantité et la conservation à long terme. Cependant, dès que la bouteille est entamée, elle va avoir une poche d'air préjudiciable au médium. Dans ce cas, il vaut mieux plusieurs petits flacons bien fermés.

Si l'on veut, on peut également utiliser pour les finitions l'Huile Flamande "Couleurs du Quai Voltaire", une huile de noix cuite à la litharge tout à fait excellente, ou encore adjoindre une noisette de baume de térébenthine de Venise à une petite bouteille de médium n° 4.

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