ESSAI DE TECHNIQUE IDÉALE pour le portrait
EXEMPLES

Sargent
John Singer Sargent

J'entends souvent les élèves s'exclamer, en retrouvant leur travail en cours : " Ha, c'est terne et triste". Outre qu'une toile ne saurait être triste ( elle peut vous évoquer la tristesse, mais ça vous regarde, vous et vos critères), qu'elle soit terne est un gage de réussite.
En effet, pour que quelque chose soit brillant, il faut qu'il repose sur un fond terne. Si il veut être brillant tout seul, il ne peut être que clinquant et ne sera qu'une surface plate et sans relief.

Theodore Chassériau
Théodore Chassériau : Nymphe endormie

On notera dans cette oeuvre de Théodore Chassériau la relative proximité des couleurs. La lumière joue plus sur les contrastes que sur les teintes. Il a travaillé sur des fonds ternes peu à peu relevés. La photo ne rend pas bien son travail. Le tableau a été exposé à la Mairie de Paris. Je me souviens d'avoir été frappé par la justesse des superpositions. La chair presque grise en fond est rehaussée en couleurs de plus en plus pures, mais progressivement, ce qui lui donne un soyeux tout à fait extraordinaire et très réel. Si on étudie bien ces maîtres, on verra qu'une ébauche trop brillante n'aboutit à rien. Il ne faut évidemment pas en rester là, mais savoir progressivement apporter non seulement l'éclaircissement, mais le jeu entre les couleurs chaudes et les couleurs froides, les tons rompus et les tons plus purs.
Pas de doute : c'est tout un Art.

Chassériau
Autre oeuvre de Théodore


Sargent
La merveille absolue : John Singer Sargent

Cette oeuvre montre une maîtrise totale du dessin et de la couleur. On peu y distinguer plusieurs techniques. Le visage est parfait dans tout son détail, son arrondi est flouté, qui indique la présence mais conserve la légèreté ( ce procédé apparaît au 18e siècle, probablement venu du pastel sec ), le regard est direct, bien cerné, profond, ainsi que les lèvres, qui marquent la détermination. Rien de mou dans ce visage. Si on regarde de près le siège, on est frappé par l'intelligence du peintre : c'est à peine brossé et tout à fait exact. On recule d'un pas et on voit tous les détails.
Idem pour la robe qui, pour demeurer souple et limpide est brossée d'une traite, en parfait contraste avec la chair. Je pense au portrait peint par David, dans les derniers temps, l'extraordinaire présence du regard : un éclat de blanc pur, en épaisseur, dur l'oeil, égal à l'écharpe en soie brossée d'une traite, elle aussi en épaisseur. Une magnifique liberté. Mais une liberté qui ne sort pas du sujet.

David

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