ESSAI
DE TECHNIQUE IDÉALE pour la peinture à l'huile |
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EXERCICE POUR LA COULEUR![]() Laurent Tourneur : exercice. L’exercice à faire, pour la couleur, est celui dit " des petits carrés ". On a compris qu’ici, il est hors de question de prendre les couleurs du commerce telles qu’elles sortent du tube. On n'utilisera que les primaires, comme indiqué précédemment : rose quinachridone, bleu phtalocyanine, jaune primaire et du blanc. Normalement, on devrait arriver en séance et refaire
d’une traite la palette, sans presque y penser, et tomber juste du premier
coup. Un musicien fait des gammes : nous aussi. On fera l’exercice au couteau à peindre,
sans précaution pour le dessin : juste pour la jouissance
de la couleur, sa finesse, ses nuances. Après quoi, on recommence
avec du rouge : autant de nuances qu’on peut, sans jamais sortir
du ton. Après peu, on n’aura plus de problèmes et l’on ne
cherchera pas plus ses teintes qu’un pianiste les touches de son piano. On prendra une toile de dimensions moyennes.
Un 15F fera parfaitement l’affaire, que l’on ne prépare pas, puisqu’on
va travailler au couteau. On trace sur cette toile des carrés de 4 cm sur 4cm.
On peut voir dans cette nature morte de Pieter Claesz (1597/1660), le parfait exemple de ce qui est dit plus haut : tout comme en musique, on trouve la fondamentale (ici, un ton de bistre verdâtre) et toutes sortes d’accords dérivés allant du gris-brun roux au gris brun vert avec, parfois, une nuance de rose, quelque éclat d’ocre jaune rehaussé de jaune de Naples (dans le verre, notamment). On notera l’importance donnée au dessin, ici d’une rigueur extrême, mais surtout la quasi ternitude de l’ensemble qui donne toute son importance à la lumière soudaine qui frappe le pied de la coupe renversée et l’olive. On considérera l’intelligence de la mise en scène : l’œil est obligé au parcours : le verre d’abord, puis l’olive, enfin la lumière du fond. Quoique le tableau soit quasi monochrome, il ne génére aucun ennui. Il est bien trop subtilement nuancé pour cela. Qu’on se souvienne qu’en peinture, comme peut-être dans la vie, la différence dans la répétition est source d’émerveillement. L’esprit humain est toujours fasciné par ce qui est à la fois "pareil " et pourtant "différent ", ce qui est le cas, par exemple, d’un feu d’artifice...et dans l'humanité, quand on l'aime.
Travaillé autour des terres de Sienne, ocres jaunes et rouges,
ce somptueux tableau présente toutes les variations chaudes et
raffinées d’un métier parfait.
L’expérience montre qu’on utilise presque toujours
les mêmes teintes de base. Quoiqu’il en soit : Ne jamais oublier les temps de séchage. C’est le secret d’une peinture belle et solide |
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