LES COULEURS ET LA PERSPECTIVE

Atkinson Grimshaw : "Leeds"

Chacun peut constater que les couleurs s’effacent selon l’éloignement. À l’horizon, une sorte de brume confond tout, dans des tons de gris bleuté tirant sur le mauve.
Une simple photo de paysage nous renseigne sur ce point bien mieux qu’un long discours.

Par contre, il est beaucoup plus difficile de voir les modifications de la couleur en fonction des plans d’éloignement. Il existe donc une échelle des couleurs selon les plans d’éloignement, dite échelle de fuite. La voici :

Le fait est suffisamment important pour être considéré, car il n’est pas évident dans l’observation d’un paysage. Bien des œuvres révèlent de gros décalages dans l'échelle de fuite, avec, par exemple, un ciel se comportant comme un mur ou un objet refusant de tenir sur une table pour se coller au premier plan. Il faut savoir que le premier plan est toujours plus net et plus contrasté que les autres et qu’il appartient au plan rouge : l’herbe, quoique étant verte, évidemment, l’est dans la gamme des rouges, avec des ombres beaucoup plus brunes et chaudes que celles des plans suivants. De la bonne compréhension de cette loi va dépendre l’efficacité de l’œuvre, et pas seulement lorsqu’il s’agit d’un paysage. Rembrandt s'est beaucoup amusé sur cette échelle.

Rembrandt : "Le pont de pierre"