PEINDRE À L’HUILE

22/07/07 Les couleurs Leroux
Les anciens préparaient leurs couleurs à
l’avance, qu’ils fermaient dans des pots, et établissaient différents
dégradés des teintes. J’ai remarqué que c’est
la méthode la plus sûre et la plus rentable sur le plan de
l’effort, lorsqu'on peint quotidiennement.
Nous allons procéder ainsi : nous n’utiliserons
pas de palette. C’est encombrant et trop petit ou bien trop lourd. Nous
préférons une plaque de verre d’assez bonne dimension, placée
sur un support blanc (table ou papier), pour pouvoir bien visualiser les
glacis éventuels. Sur le devant, nous allons fabriquer nos teintes,
sans leur adjoindre de médium pour le moment, les placer à
l’arrière lorsqu’elles sont prêtes.

Tout est fait à la main, avec soin et respect. Aucune tricherie.
Quoique le blanc soit inévitable, j’en
déconseille l’emploi systématique et brutal. On l’utilisera avec grande
prudence, car sans soin, on va tout plâtrer. De plus, il n’est pas
aussi indispensable que cela au début du travail. Lorsqu’on doit
éclaircir, il vaut toujours mieux le faire avec cette même
teinte éclaircie sans ajouter de blanc directement sur la toile. On le gardera
pour la fin : on risque constamment le "plâtrage "
et les teintes effondrées.
Il existe quatre blancs, tous différents : Le blanc d'argent, le plus ancien, qui est un carbonate de plomb, le blanc de zinc (oxyde de zinc), blanc de lithopone, et blanc de titane. Le moins plâtreux est le blanc d'argent, malheureusement interdit à cause du plomb, mais on le trouve quand même. Il n'est pas éclatant, mais serein, un peu nacré. Il est de loin le moins dangereux. Le blanc de titane est tout le contraire : agressif et violent. Il peut faire merveille dans une griffure acide et volontaire, mais ne vaut rien dans les mélanges. On lui préferera le blanc de zinc. (Le terrain est encore à explorer). Le blanc de Lithopone est légèrement bleuté.
Le premier mouvement de la mise en huile est pour refaire ce qui est déjà
sur la toile, peint au vinyle, mais qui est à présent huilé de glacis colorés ou neutres, donc beaucoup plus contrasté, ce qui est une excellente indication de la finalité.
On remplira exactement les zones, avec soin, en suivant le tracé
de l’ébauche sans chercher à fondre les zones entre elles
pour le moment. Comme tout à été parfaitement repéré,
ce ne devrait pas être trop difficile. Selon les personnes, cette
première étape du remplissage à l’huile, qu’on appelle
premier état, va prendre deux ou trois séances ou plus pour
les grands formats.

On fait à l’huile ce qui a été déjà fait
au vinyle. Pourquoi ? Me demande-t'on régulièrement.
Et bien voilà :
le secret d’une peinture lisse, comme émaillée, sans aucun
vilain coup de pinceau, vient de ce que nous utilisons une pâte
riche en résine (médium flamand), fluide et donc fatalement moins couvrante, d'autant que les couleurs du commerce ne sont pas pures pigments, mais agrémentées de "charges" qui peuvent aller jusqu'au bouchon broyé.
Si nous avions dû supprimer l’étape du vinyle (ce qui est
possible), nous aurions dû procéder ainsi : médium flamand, couleur, essence. Ce mélange,
quoique magnifique n’est pas du tout couvrant, même avec de bonnes couleurs. Il permet de travailler
longtemps dans le frais, en utilisant les transparences. Dans notre cas,
ce n’est pas nécessaire. Le vinyle nous fait gagner un temps très considérable.


Nous avons terminé notre premier état :
tout ce qui était peint à la couleur vinylique est à
présent à l’huile. Certaines parties sont retravaillables, mais les dernières
devront attendre leur délai minimal de quinze jours. Lorsque cela
viendra, nous allons être confrontés à la reprise.
|