ESSAI
DE TECHNIQUE IDÉALE pour la peinture à l'huile |
|
PRÉPARATION DES FONDS L’acte
de peindre ne naît pas d'une nuée de
pinceaux de deux mètres, un tas de pâte sur une truelle,
une jolie blouse aux manches bouffantes et surtout très
incommodes, comme le veut le cliché consacré. Il s’agit
d’un projet calculé, dont tous les éléments sont
d’importance identique : aussi bien l’image finale que le support
sur lequel, on doit l’espérer, elle tient. Par conséquent,
il est bon de faire parvenir le plaisir partout, dans toutes les étapes.
Pour cela, pas de mystère, il faut apporter du soin, de l’attention.
Tout comme on l’apporterait à un bébé. Néglige–t–on
ses pieds parce qu’on aime ses yeux ? Il doit être viable partout,
aimé partout. Pour lui-même en tant que tout, ce tout étant
fait de détails. Chacun d'égale importance.
Et, encore à défaut, ce qui aura lieu la plupart du temps, on pourra se contenter d’une toile du commerce avec enduit universel, qu’on retravaille au Gesso + poudre de marbre. On mouille la poudre de marbre jusqu'à en faire une pâte onctueuse, ni trop liquide ni trop épaisse qu'on verse dans un pot de gesso. 300g de marbre pour 1 kg de Gesso que l'on brasse jusqu'au parfait mélange. Par ailleurs, on aura pris du pigment en poudre ou du colorant acrylique de la couleur adéquate (elle varie selon les sujets, mais en général la Terre d'ombre est parfaite), qu'on aura mouillé également ( quelques gouttes de caparol peuvent se révéler utiles), qu'on mêle à notre préparation pour confectionner l'enduit.
Les premières couches du mélange sont étalées au couteau à
peindre (un couteau large et long est plus pratique), en raclant soigneusement
sur la tranche, comme on le ferait avec du beurre sur une biscotte un
jour de disette. Il s’agit de boucher la trame du tissus, pas de replâtrer
les murs ! Répéter l’opération trois ou quatre
fois en humectant au vaporisateur entre chaque couche : le marbre
en poudre est absorbant : il ferait des traces. Laisser sécher,
puis poursuivre au spalter. Humecter à chaque fois : selon que la toile est grossière ou fine 8 à 12 couches ne sont pas de trop. Bien attendre le séchage
entre les couches. On enduit pendant qu’on prépare le
dessin. Puis on ponce en tournant, sans appuyer mais en insistant et en se méfiant de la barre centrale du châssis qui, si elle marque, peut ruiner tout ce beau travail.
On a reproché à cette technique
d’assombrir. On dit que la teinte "remonte ". Mais ce n’est
pas aussi certain. Du moins, tout dépend de la manière. Aujourd'hui,
comme nous travaillons avec des fonds vinyliques qui ne "remontent "
pas du tout, nous pouvons profiter de cet avantage qui consiste à
colorer les fonds. De la coloration des fonds Il y a deux attitudes
face aux fonds colorés. Soit on peint "avec ", soit
on peint "contre ". Contre le fond, il s’agit d’utiliser la couleur du fond comme tremplin pour sa complémentaire. Par exemple un fond ocre pour peindre la neige par-dessus : Brueghel, mais aussi Caillebotte (les toits de paris sous la neige) ou Monet.
Les fonds lisses ont de nombreux avantages :
outre qu’ils n’usent pas les pinceaux – ou du moins qu’ils les usent utilement,
en les effilant –, ils permettent les aplats, donnent de la précision,
mais aussi, avec une pâte riche en résine, vont apporter
une texture et une matière inégalable, des glacis profonds
et mystérieux, mais aussi des accents tout à fait personnels,
par des empâtements arrondis et émaillés, à la David. |
|
Retour au sommaire |