
PARIS L'INTEMPOREL
Ce tableau est né un soir d’été d’une conversation avec Jean-Marc Léri, conservateur du Musée Carnavalet.
J’ignorais qui il était.
Depuis la mort de mon père en 1999, ayant hérité des papiers familiaux, j’ai pu remonter le temps et reconstituer la saga familiale, entre la rue Cauchois et le 70 de la rue Damrémont, où je ne suis pas népour cause de guerre mais amené trois jours plus tard.
Avant le décès de mon père, je n’avais pas imaginé qu’une ville puisse aussi être une mère. Et pourtant, je crois que ma véritable mère a bel et bien été toute cette partie Nord de Paris où j’ai sans cesse traîné mon spleen comme mes joies et à qui je voue, finalement, une affection d’une profondeurinattendue, autant pour son étendue que pour son histoire.
Ce tableau est né du désir d’embrasser et de serrer sur mon coeur toute cette vie incroyable. Celle de mes ancètres, certes, mais aussi celle de tous les habitants passés et à venir qui lui donnent son âme et que la Ville rend si bien, lorsqu’on veut bien l’entendre.
Il aura fallu neuf années pour rendre hommage à cette “Big Mama”: dénicher ses secrets, parcourir ses ruespour en vérifier la dénivellation, photographier les façades, pénétrer les arrière cours, rédiger des notes, glaner des anecdotes, consulter des tonnes de documents, me projeter par la pensée 600 mètres au dessus de l’Opéra Garnier pour imaginer la vue.
Il aura fallu aussi des rencontres superbes! Celle de Daniel Gonzalez qui m’a offert l’Institut Géographique National, celle de Jean-Pierre Ducatez, sa photothèque et sa gouaille, celle du Musée de Montmartre pour sa foi et pour m’avoir largement ouvert ses portes ainsi que l’association “La commune de Paris 1871”sur sa Butte-aux-Cailles.
Et bien entendu, Gilles de Beauregard, ami fidèle, attentif et patient qui sait si bien m’accompagner depuissi longtemps.
Car si le plan de la ville est relativement exact, il s’agit d’une vue fondamentalement imaginaire sur la base de réalités historiques. Il y a là tout ce que j’aurais aimé y voir demeurer. Les trois Jardins Tivoli, par exemple, le Bal de Château-Rouge (10 000 personnes le dimanche) pour y croiser des Merveilleuses et des Incroyables et revenir chez moi, rue des Dames, en traversant les Grandes Carrières avant qu’elles ne deviennent cimetière. Même si j’aime ledit cimetière comme un frère.
Je me passionne à commenter les différents lieux de ce territoire rêvé mais je ne serais pas présent chaque jour à la Galerie. Aussi, je vous propose de vous rendre sur le site www.oeillades.net, /Paris intemporel afin d’en apprendre davantage.
Un livre et une version DVD sont en préparation. Il est possible également d'acquérir cette évocation sur demande en tirage sur toile ou Velin d’Arches, à la taille souhaitée.
J’espère qu’on saura voir à quel point une ville peut faire partie de soi, tout comme un être.
Car pour moi, Paris est une Personne.