Georges Faget-Bénard
Peintre graphiste

Hotel de Sens
Dans la cour
de l'Hôtel de Sens,
pour le festival du Marais

Costumes

LES PEUPLIERS D'ÉTRETAT

Il m'a paru inévitable de passer par Toulouse Lautrec pour l'affiche. On oublie souvent que cette époque est assez proche de celle des années 1990. La syphilis faisant presque autant de ravages que le sida, à quoi il fallait rajouter l'absinthe et la tuberculose. Guy de Maupassant et son génie ont dû passer par ce goulet temporel, sujet de cette pièce : "Les peupliers d'Étretat".


Pour le décor, fidèle à mon principe du sol noir brillant comme un miroir, je compose un labyrinthe de tentures de velours écarlate, passages secrets, fenètres sur nulle part, immense méridienne de bordel 1900 au centre.

Tous les personnages, sauf Maupassant, sont vétus de blanc cassé, copies de robes d'époque entièrement redessinées, incrustées de satin et de soie, grands chapeaux immaculés à voilette, ou dessous de dentelles foisonnantes.

L'idée de Jean Menaud est que tout se passe le dernier jour de la vie de Maupassant, dans la clinique du Docteur Blanche. Les deux infirmières qui s'occupent de lui doivent jouer, malgré elles et à leur insu, tous les personnages de sa vie : mère, maîtresses, amies, comme si sa lucidité devenue invivable lui présentait la vérité dans son épouvantable éclat, tandis que son brillant esprit, comme détaché, s'ingéniait à commenter cette tragique fin.

Michel Derville
Michel Derville

Maupassant est joué à la fois par Michel Derville et Jean Menaud, comme pour situer la différence entre le corps malade et l'esprit brillant, la douleur et la transcendance, le mortel et l'immortel.
Maupassant n"aimait pas les gens. Il était bien trop lucide pour ça. Et pourtant, parfois percent quelques accents de tendresse dans son oeuvre, comme a son insu.
Comme c'est l'été, le soir va tomber lentement dans la cour de l'hôtel de Sens, où nous jouons. Je fais en sorte que les éclairages évoluent avec la tombée de la nuit, pour nous retrouver comme éclairés à la bougie vers la fin du drame. Maupassant l'Esprit se regarde mourir dans le corps, incapable de ne pas noter chaque détail de sa disparition et de la commenter.