Jean Giono a écrit là une bien belle pièce. Un homme sans avenir, déçu de son passé, vient échouer dans une ferme, au bout de la route. Il n'y a plus rien après. Mais il y a le présent : une famille qui, dans sa simplicité et sa profondeur va peut-être changer le cours des choses.

J'ai opté pour l'hyperéalisme. Il me fallait la pièce principale d'une ferme, avec sa cheminée encrassée mais vivante, ses murs patinés par les ans, les meubles utilitaires sans mode et sans époque, mais surtout les odeurs et les sons. J'ai enregistré le silence des Alpilles à plusieurs époques, imaginant le léger gargoullement lointain d'une rivière, le passage des vaches, un chien qui hurle au fond de la vallée, le vent.
Je voulais que le spectateur entre réellement chez ces gens, que le réalisme soit total. J'ai passé tous les murs à la cire ( ils étaient recouverts de papier kraft : très belle couleur), diséminé un peu partout du thym, la lavande, des carrés de bouillon Kub, de manière à ce que ce soit surprenant.

Réussi. Parfois, les gens hésitaient à entrer dans la salle, craignant de déranger. |