
La première chose que j'ai entendu à propos de Second Life a été : " Mais, c'est du virtuel !".
Comme si le virtuel était synonyme de "non existant".
Je crois qu'il faudrait déjà s'entendre sur ce qu'on définit comme "réel". A mon avis, ce n'est pas gagné.
Mais bon. Nous n'allons pas entreprendre un discours philosophique là dessus. Admettons qu'il y ait dehors un monde matériel et dedans un monde fantasmagorique, impalpable autrement que par une interface informatique ou un psychanalyste.
Remarquez, c'est dommage. Parce qu'il y aurait vraiment de quoi raconter là dessus. La chose est infiniment plus subtile qu'il n'y parait. Au fait, le "Réel" ne serait-il pas ce que nous considérons collectivement comme tel ? Rien d'autre qu'une considération commune qui varie TRES considérablement selon les époques et les lieux ?
Est réel ce que nous croyons réel à un moment donné. Et par conséquent, la vraie vérité de tout ceci ne serait-il pas tout simplement croire que c'est la vérité ?
Bouf. Laissons cela.
Je n'aime pas les jeux informatiques.
Les quètes, les missions, les bastons, les tueries d'adversaires, les mitraillettes qui crépitent, les têtes qui explosent, tout cela m'ennuie.
A la limite, des jeux comme Myst, Riven, Exile ou Siberia me plaisent pour leur graphisme et l'inventivité de leur univers. L'équivalent d'un film plus long que la moyenne dans lequel on se croit acteur alors que tout est bien prévu et balisé. Le jeu est beaucoup intéressant pour son créateur que pour le joueur. Rien à voir avec la vie dite réelle où quoqu'on prévoit, "ça' fait toujours autre chose et où la plus grand part, en tous cas pour moi, est toujours imprévue.
Par conséquent, Second Life était quasiment fait pour moi. Outre qu'il faut tout apprendre depuis le début, que rien n'est franchement expliqué ni très clair quand ça l'est, la règle commune est : "tout sera comme tu l'as fait, car ce monde est à l'image de ceux qui le font".
Oui. Je sais. l'autre aussi. Le monde réel est aussi à l'image de ceux qui le font, mais ce n'est pas pareil. On arrive dans un monde déjà fait, déjà pensé pour nous, avec des impératifs complexes comme, par exemple : se reproduire et par conséquent développer tout le sens de sa vie vers cet objectif qui, il faut le dire, bouffe un temps considérable. Parce que ce n'est pas tout de progéniturer, mais il faut aussi s'occuper de ladite progéniture, caller le nid, nourrir tout ce petit monde. ça occupe une vie, ça. Et pendant ce temps, on ne fait rien d'autre.
Sur Second life, ça baise beaucoup. D'accord. Mais ça n'est pas pour se reproduire. C'est pour le fun. Pour le plaisir d'essayer des "balls" et mettre son avatar dans des positions improbables. Tout est fantasme. Tout n'est QUE fantasme.
Et sans importance.
On ne vieillit pas. On ne mange pas. On ne se lave pas. On ne dort pas, on ne fait ni pipi ni caca. Il y a cependant des programmes
pour faire tout cela, si l'on veut. Mais ça ne sera que pour l'amusement de le faire. Aucune nécéssité ne l'impique. Aucune conséquence ne s'ensuit. La seule maladie à craindre est celle du fournisseur d'accès. Le vilain bug qui fige tout, la déconnexion intempestive et le corps gris.

Être beau ou unique ? Il faut choisir.
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